Un nouveau coup de pouce pour MaPrimeRénov

Élisabeth Borne a dévoilé, pour l’année 2024, une augmentation de 66 % du budget alloué à MaPrimeRénov’.

Élisabeth Borne a dévoilé, pour l’année 2024, une augmentation de 66 % du budget alloué à MaPrimeRénov’. 

 

Cette annonce survient à un moment opportun, alors que le nombre de rénovations complètes connaît un déclin. En effet, entre 2021 et 2022, ces rénovations ont diminué de 17 %, passant de 41 219 à 34 122. Dans cette optique, le gouvernement s’est fixé l’objectif ambitieux d’atteindre 200 000 rénovations globales d’ici 2024.
 

Le dispositif MaPrimeRénov’, instauré en 2020 et sous la supervision de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), a déjà apporté son soutien à plus de 1,5 million de particuliers pour leurs projets de rénovation énergétique. Cela a engendré un financement dépassant les 5,6 milliards d’euros, provenant des fonds gouvernementaux. Bien que la conscience environnementale grandissante et les factures énergétiques incitent de plus en plus les ménages français à s’intéresser à la rénovation énergétique, l’intérêt demeure. Cette récente injection de ressources s’ajoute aux 7 milliards d’euros supplémentaires prévus pour 2024, dans le but de doubler les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément aux engagements européens visant une réduction de 50 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. En 2022, la France a frôlé une réduction de près de 25 %, ce qui souligne l’ampleur des défis restants.
Cependant, le dispositif nécessite des ajustements et des améliorations, comme le souligne Heero, une plateforme dédiée à la rénovation énergétique. Cette plateforme, qui accompagne les particuliers dans le financement de leurs projets, salue les efforts entrepris. Toutefois, son directeur estime que certains éléments doivent être corrigés pour renforcer un dispositif qui manque actuellement d’incitation. D’importants problèmes ont été révélés en octobre 2022 par la Défenseure des droits, qui a reçu près de 500 plaintes en deux ans. Les demandeurs se heurtent à des difficultés pour obtenir les aides.
 

D’une part, les délais de versement sont excessivement longs, principalement dus aux dysfonctionnements du portail en ligne où les demandeurs doivent créer un compte avant de soumettre leurs requêtes. Ces retards sont particulièrement préjudiciables aux ménages modestes, les plaçant dans une situation précaire encore plus préoccupante. D’autre part, les montants accordés restent insuffisants. Selon les statistiques de Heero, la moyenne des dépenses de rénovation depuis le 1er janvier 2023 atteint 16 200 €, avec une aide de seulement 2 442 €, dont 1 465 € provenant de MaPrimeRénov’ et 977 € de la prime CEE. Ces aides ne couvrent ainsi pas plus de 15 % du coût estimatif, laissant aux ménages une charge de 85 % (environ 14 735 € en moyenne), ce qui est excessif pour de nombreuses familles. Heero considère que cette situation entrave significativement la décision de se lancer dans un projet de rénovation. De plus, la plateforme remarque que les projets sont souvent limités à des changements mineurs, tels que le remplacement de fenêtres, alors que l’isolation des combles devrait être une priorité pour prévenir les pertes d’énergie. Parmi les réajustements nécessaires, il conviendrait d’harmoniser les critères d’éligibilité entre MaPrimeRénov’ et les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), car les deux dispositifs n’ont pas la même vision de la « rénovation globale » : pour le premier, elle se traduit par une réduction d’au moins 55 % de la consommation énergétique annuelle, tandis que pour le second, le seuil est fixé à 35 %. De plus, une aide CEE peut être octroyée pour une pompe à chaleur air-air, contrairement à MaPrimeRénov’.
 

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