La déflation fait reculer le rendement des obligations.
Les taux des obligations européennes poursuivent leur décrue. Les taux de l’Allemagne sont négatifs jusqu’à 9 ans (-0,013 %), ceux de la France jusqu’à 7 ans (-0,023 %), ceux de la Suisse jusqu’à 20 ans (-0,018 %). Et, en dehors de l’Europe, les taux japonais sont aussi passés sous la barre de zéro sur la maturité à 10 ans.
70 % des emprunts allemands ont des taux négatifs
Selon une note de la Société Générale, désormais 70 % de l’encours de dette allemande évolue sous le seuil de 0 %. « La détente continue, sans aucune accalmie, dans un contexte de détérioration des perspectives économiques globales, de tension sur le secteur financier, les matières premières et les marchés émergents ». L’inflation est retombée en territoire négatif (-0,2 % en rythme annuel) en février. La Banque centrale européenne (BCE), se réunit la semaine prochaine. « Le chiffre d’aujourd’hui va donner des armes aux ’colombes’ (les banquiers centraux qui veulent une politique monétaire encore plus accommodante, NDLR) et promet de façon quasi-certaine qu’il y aura de nouvelles mesures de soutien », estime ING.
La BCE attendue au tournant le 10 mars
Beaucoup d’analystes et d’économistes tablent sur une baisse du taux de dépôt de la BCE, qui évolue déjà en territoire négatif. « Nous anticipons une baisse de 20 points de base en mars ainsi qu’une extension des prêts de très longue maturité (TLTRO) de la BCE pendant un an », indiquait déjà la Société Générale la semaine passée. Chez Pictet, Frederik Ducrozet table sur une baisse de 10 points de base du taux de dépôt, associée à un système de taux à double détente (avec un seuil qui délimite le type de banques exposées au taux de dépôt), une augmentation de 20 milliards d’euros par mois du programme d’achats d’actifs financiers (avec des changements dans les modalités) et un nouveau prêt de longue maturité pour les banques.
Taux négatifs, un quart de la dette mondiale est touché
Cinq banques centrales dans le monde ont déjà adopté le taux directeur négatif. « Au cours des dernières années, beaucoup de banques centrales ont abaissé leur taux pour tenter d’atteindre leur objectif d’inflation. Certaines sont allées plus loin, abaissant leur taux sous 0 % en pensant que si une baisse de 1 % à 0 % n’avait pas marché, une baisse de 0 % à -1 % pourrait fonctionner », ironiste Steven Major chez HSBC. De fait, plus les instituts d’émission s’enfoncent en territoire inconnu, plus les doutes grandissent sur leur maîtrise de la situation et en particulier sur leur capacité à relancer l’inflation. Plus inquiétant encore, même la Réserve fédérale américaine, pourtant engagé dans un processus de remontée de ses taux directeurs depuis décembre, a mentionné l’arme des taux négatif, si jamais les conditions économiques se détérioraient sérieusement.
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