Les marchés actions sont-ils en pleine surchauffe ?

Les valorisations, le positionnement… nombreux sont les indicateurs poussant à une consolidation.

Acheter la rumeur et vendre la nouvelle. Les marchés actions en pleine surchauffe ? De plus en plus de voix se sont élevées ces dernières semaines pour décrier l’allure prise par les marchés actions. Jeremy Grantham affirme qu’il était «hautement probable que nous soyons dans une bulle majeure sur le marché américain, du type de celle que nous rencontrons régulièrement, la dernière remontant à la fin des années 1990. Elle pourrait très probablement mal se terminer même si rien n’est jamais sûr». Entendez par là, il n’y a rien de plus difficile que de savoir quand une bulle financière éclate. Jan Hatzius reste confiant sur les actions sur le moyen-long terme. Il a déclaré que les marchés actions américains pourraient s’accorder un répit à court terme après leurs récents records.

Des valorisations supérieures aux moyennes

Tant que le momentum des bénéfices est orienté à la hausse (ce qui devrait être le cas en 2021) et que les banques centrales ne se précipitent pas pour retirer leurs politiques accommodantes, les actions et les taux peuvent toutefois progresser conjointement. Or ce qui fait tenir le marché est le pari d’une forte reprise économique au deuxième semestre cette année grâce aux vaccins contre le Covid-19 et le fait que les banques centrales et les gouvernements vont continuer de soutenir l’économie.

La plupart des indicateurs traditionnellement surveillés pour détecter une surchauffe des marchés sont dans le rouge. A commencer par les valorisations. Partout, les valorisations sont au-dessus des moyennes historiques. Aux Etats-Unis, où l’indice S&P 500 capitalise 23 fois les bénéfices attendus pour les prochains mois (+30%). En Europe (17,7 fois contre 13,5 fois, pour une hausse de 40% des bénéfices). En 2020, sur le marché américain, 150 entreprises ont vu leur cours tripler, soit trois fois plus que n’importe quelle année pendant la dernière décennie. Des niveaux de valorisation proches des plus hauts : le PER de Shiller (même si Robert Shiller a relativisé sa portée estimant que c’était lié au niveau des taux…) mais aussi le ratio capitalisation rapporté au PIB, cher à Warren Buffett, qui a largement dépassé son record de 2000.

Des investisseurs particuliers suractifs

«Le marché est focalisé sur le moyen-long terme, ce qui explique qu’il ait mis de côté ces considérations de valorisation de court terme», juge Michel Saugné. Il s’attend à une légère correction du marché.

Le positionnement du marché rappelle également le début du siècle. Le ratio put/call sur le marché américain n’avait pas été aussi bas depuis 2000, à 0,38. Sous 0,5, il est le reflet d’un marché suracheté. Le volume d’achat des call (option d’achat) atteint également un niveau très élevé. Avec une forte progression des petits ordres sur le S&P 500 (multiplié par 8 par rapport à 2019, une année déjà largement au-dessus de la moyenne de long terme), traduisant la forte présence d’investisseurs particuliers. Jeremy Grantham rappelle que le dernier stade des périodes de bulle est caractérisé par le comportement réellement fou des investisseurs. Cette irrationalité se reflète dans l’achat d’entreprise comme TESLA. Mais aussi par des excès de comportement d’investisseurs qui achètent des actions sans réellement savoir dans quoi ils investissent, au risque de se tromper de valeur.

Beaucoup trop d’introduction en bourse ?

Le nombre d’introductions en Bourse a aussi dépassé les 406 enregistrées en 2000. En 2020, il y en a eu 480 dont 248 SPAC (société vide de toute activité). Un autre signe probable de surchauffe. Jeremy Grantham note que la hausse des actions, non pas sur la base de fondamentaux mais uniquement parce qu’elles montent, font également partie des signes précurseurs des bulles.

Ce contexte de surchauffe sur les marchés s’ajoute à une situation de plus en plus dégradée sur les plans sanitaire et économique avec le renforcement des mesures de restriction dans de nombreux pays face aux différents variants plus contagieux du coronavirus. Avec pour risque une double récession au premier semestre cette année, en Europe et aux Etats-Unis. Et ce, alors que le soutien des résultats trimestriels pourrait être éphémère. Les actions intègrent déjà une grande partie des bonnes nouvelles sur la croissance bénéficiaire, extrêmement élevée.

Consulter l’article : L’AGEFI Quotidien 18/01/2021

Prendre connaissance de l’article :Le Monde 26/02/2021

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