Le gouvernement annonce une réduction des remboursements de l’Assurance Maladie : les mutuelles d’entreprise vont encore augmenter
Le gouvernement annonce une réduction des remboursements de l’Assurance Maladie : les mutuelles d’entreprise vont encore augmenter
Le gouvernement vient d’annoncer une réduction des remboursements des consultations médicales par l’Assurance Maladie, ce qui augmentera la part prise en charge par les complémentaires santé. Dès janvier prochain, les tarifs des mutuelles d’entreprise devraient grimper de 6 à 10 % selon les organismes. Pour éviter de subir cette hausse, de plus en plus d’entreprises revoient en profondeur leurs contrats existants. L’objectif est de s’assurer que les garanties proposées à leurs salariés sont bien consommées et de faire jouer la concurrence entre prestataires.
Pour les complémentaires santé, la facture s’annonce salée : le gouvernement a annoncé que la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) allait diminuer le taux de remboursement des consultations médicales. La part remboursée par les mutuelles, actuellement de 30 %, pourrait grimper à 40 %.
Les organismes de complémentaire santé, qui avaient déjà annoncé des hausses de 6 % à 10 % pour 2025, vont sans doute réévaluer encore leurs tarifs, après les avoir déjà augmentés de 10 % en moyenne en 2024. Au total, ces tarifs se sont envolés de près de 50 % depuis 2018, et le mouvement devrait perdurer. La prévoyance santé représente déjà 5 % de la masse salariale des entreprises.
Dans ce contexte, les entreprises analysent de plus en plus attentivement leurs contrats de prévoyance santé, notamment en cette période de fin d’année précédant les hausses tarifaires de janvier prochain. En moyenne, les garanties sont 15 % trop chères par rapport aux besoins des salariés.
« Nous constatons une forte progression de ce type de demande de la part des entreprises », observe Catherine Colombie, directrice Protection Sociale et associée au sein du cabinet de conseil RH Spartes. « Et à chaque fois, nous arrivons à la même conclusion : elles paient en moyenne 15 % de trop au regard de ce que consomment les salariés. Pour éviter de surpayer, sans diminuer la protection offerte aux collaborateurs, une seule solution : analyser l’écart entre chaque garantie payée et la consommation réelle de chaque salarié ».
Il s’avère en effet fréquent que les salariés ne consomment pas certaines garanties proposées par leur mutuelle. Par exemple, de nombreux collaborateurs consultent essentiellement des médecins conventionnés et n’utilisent donc pas la prise en charge des dépassements d’honoraires pourtant proposée par leur mutuelle. De même, il arrive régulièrement que des salariés célibataires, sans enfants, bénéficient d’une protection « famille » : une garantie superflue, mais qui pèse sur les coûts de l’entreprise et aussi sur la fiche de paie des collaborateurs, puisque la protection complémentaire santé est co-financée par les employeurs et par les salariés.
« C’est pourquoi ce sujet doit faire partie des échanges avec les partenaires sociaux », reprend Catherine Colombie. « Les augmentations de tarifs des mutuelles concernent toutes les parties prenantes, c’est donc ensemble qu’elles doivent définir les moyens de contenir ces coûts. Il s’agit, après l’examen des garanties et de leur consommation ou non par les salariés, de définir une offre de garanties aussi individualisée que possible, et de convenir des actions de prévention santé à mener au sein de l’entreprise. La prévoyance santé fait partie des sujets qui doivent être abordés lors des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires), au même titre que les salaires. Il importe de lui accorder le temps et l’attention qu’elle mérite ».
Challenger son prestataire et faire jouer la concurrence
De plus en plus d’entreprises adoptent le réflexe de renégocier leur contrat avec leur organisme de complémentaires santé. Notamment, pour questionner ses frais d’intermédiation ou de gestion, souvent calculés de manière opaque. Ou encore, pour proposer des aménagements à une garantie : par exemple, les frais d’optique peuvent sensiblement diminuer si un partenariat est conclu avec un réseau d’optique spécifique, à des tarifs pré-négociés.
« Le cas échéant, nous mettons en concurrence plusieurs mutuelles et accompagnons nos clients dans un changement de prestataire », poursuit Catherine Colombie. « Dans le passé, nous avons vu un grand nombre d’entreprises garder la même mutuelle pendant plusieurs années, et passer ainsi à côté d’économies substantielles. Aujourd’hui, elles adoptent une attitude nettement plus proactive et nous demandent de régulièrement comparer les offres, pour ne pas subir ces hausses comme une fatalité ».
Le sujet s’avère également essentiel en termes de marque employeur : aujourd’hui, 79 % des salariés considèrent comme déterminantes les actions mises en place par l’entreprise pour prendre soin de leur santé. Raison de plus pour calibrer et personnaliser ces actions et les garanties offertes, et ainsi renforcer l’engagement des équipes.