3 choses à retenir de la dernière hausse des taux de la BCE

Les dernières décisions de la BCE sont conformes aux attentes du marché, mais la surprise vient en fait des prévisions forte d’inflation.

Les dernières décisions de la BCE sont conformes aux attentes du marché, mais la surprise vient en fait des prévisions forte d’inflation. Explications de Patrick Barbe, Head of European Investment Grade Fixed Income chez Neuberger Berman.
 

Comment pensez-vous que les investisseurs et les marchés vont réagir à la hausse du taux d’intérêt de la BCE ?
 

Les décisions prises hier par la BCE sont conformes aux attentes du marché, mais la surprise vient en fait des prévisions d’inflation de la BCE, qui montrent des perspectives plus élevées pour le taux de base cette année et l’année prochaine. En effet, les projections d’inflation hors énergie et alimentation sont revues à la hausse en raison de la robustesse du marché du travail et de l’augmentation du coût unitaire de la main d’œuvre : 5,1 % en 2023 contre +4,7 % prévu en mars dernier. Le marché conclue que la BCE augmentera encore ses taux, à 3,75 % au minimum, et ne réduira pas ses taux directeurs prochainement. Les obligations courtes à moyens termes sont les perdantes, leur rendement augmentant d’environ 0,10%. 
 

Que signifient les décisions prises aujourd’hui par la BCE pour l’activité / l’inflation de la zone euro en 2023 ? 
 

La BCE a admis elle-même que les perspectives de croissance économique et d’inflation dans la zone euro « restent très incertaines ». En effet, la nouvelle série de PMI Euro a confirmé la faiblesse de l’activité dans la zone euro avec une activité manufacturière toujours faible tandis que les ventes au détail ont montré une nouvelle détérioration. Compte tenu de la faiblesse structurelle de la croissance de l’euro, le risque de récession augmente depuis l’adoption par les banques d’une stratégie de prêt très prudente, qui pourrait s’aggraver si on considère le décalage d’au moins 9 mois pour l’impact des hausses de taux sur l’activité. Ainsi, la décision de la BCE devrait conduire à une croissance plus faible que celle attendue par la BCE, et une baisse plus rapide de l’inflation avec un taux de base moyen inférieur à 5%. 
 

Comment ces mesures convenues vont-elles affecter la stratégie d’investissement de Neuberger Berman à l’avenir ?

Nous nous attendions à ce que la BCE augmente son taux de dépôt de 25 points de base tout en annonçant la fin du réinvestissement des obligations arrivant à échéance dans son portefeuille APP. Ses nouvelles prévisions d’inflation à la hausse devraient conduire à des taux plus élevés, ce qui devrait renforcer les conséquences du resserrement des conditions de crédit sur l’activité. Nous pensons donc que cette situation est négative pour le risque de crédit, en particulier la qualité du crédit des entreprises qui devrait se détériorer.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou a retenu votre attention ? Et pourquoi ? 
 

Nous sommes surpris que la BCE ne pense pas qu’il soit nécessaire de proposer une solution pour aider le système bancaire, en particulier en termes de liquidité. Nous comprenons que la BCE ait confiance dans la résilience et la solvabilité des banques européennes, mais elle pourrait sous-estimer le risque d’un resserrement prolongé du marché financier dans une période de croissance économique très faible.
 

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